spot_img

Lorsqu’on parle de pesticides , on pense immédiatement à ceux que l’on retrouve sous forme de résidus sur nos fruits et légumes. Rares sont ceux qui savent que les produits animaux , le lait , la viande et les œufs sont eux aussi sérieusement concernés. Ils sont pourtant la voie royale qu’empruntent les polluants organiques persistants pour nous contaminer  (POP:  Dioxine, PCB, DDT, Dieldrine, Lindan…)

Les POP

Ces composés chimiques sont heureusement interdits aujourd’hui et sont sous haute surveillance . Depuis leur interdiction, leur concentration dans l’environnement a diminué très sensiblement, mais ils restent un problème majeur pour la santé publique et ce n’est pas pour rien que les Anglo-saxons les ont surnommés: » les douze salopards »( c’est à peu près leur nombre).


À l’origine, la plupart sont des insecticides puissants qui ont la particularité d’avoir une durée de vie très importante: ils sont stables, persistants et bioaccumulables. Étant lipophiles, ilss’infiltrent facilement dans les parties parties graisseuses des animaux, le cerveau, le système nerveux, les parties grasses des muscles dans lesquelles ils s’accumulent.

Il n’est donc pas étonnant que 85% de ces poisons pénètrent dans notre corps via la consommation de viande , d’œufs et de lait. Présents à très faibles concentrations, leurs effets ne sont pas perceptibles à moyen terme, mais comme ils s’accumulent tout au long de la vie dans notre corps, l’on peut s’attendre à observer des pathologies à long terme. Il y a une polémique autour de ces composés, car certains auteurs affirment que lorsqu’ils ont un rôle de perturbateur endocrinien, ils peuvent causer des dommages à l’organisme même à de très faibles concentrations. Très toxiques, ils peuvent provoquer des troubles de la fertilité et du développement ( fœtus, enfants). Ils peuvent également endommager le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers.

Pesticides et élevages intensifs

Les animaux des élevages intensifs sont particulièrement susceptibles d’être contaminés, car leurs conditions de vie sont pénibles. Vivant au-dessus de leurs déjections, serrés les uns conte les autres souvent dans l’obscurité , ils doivent en outre digérer une alimentation trop riche pour eux. Cela génère un surmenage de leur organisme qui aboutit à une plus faible capacité d’élimination des pesticides.

Ces animaux sont nourris d’aliments composés d’ingrédients très variés: blé, maïs, orge, tourteaux de soja, de colza, de tournesol, pulpes de betteraves. On y retrouve évidemment des résidus de pesticides, d’autant plus que les cultures destinées à l’alimentation du bétail ont un cahier de charges bien moins exigeant que celui des cultures destinées à l’alimentation humaine. En d’autres termes, on se gène bien moins sur les concentrations en pesticides quand il s’agit d’aliments pour les animaux.

eÀ cela s’ajoute une classe d’insecticides que l’on oublie trop souvent, ceux qu’on utilise pour conserver les céréales dans les silos. Ils sont classés par les autorités sanitaires comme particulièrement sensibles, car potentiellement plus dangereux pour la santé humaine que d’autres types de pesticides.

Les animaux que nous mangeons aujourd’hui ne sont plus tout à fait les mêmes que ceux qu’ont connus nos grands-parents. Les zootechniciens sont passés par là et après des générations de sélections génétiques, les animaux d’élevages, se développent plus rapidement, mais c’est souvent au détriment de la qualité de la viande. Elle est plus grasse et cela pose un problème pour ceux qui souhaitent ingérer un minimum de substances chimiques synthétiques, en majorité liposolubles.

C’est en effet dans la graisse des animaux que vient se stocker les résidus d’herbicides, de fongicides, d’insecticides, de médicaments vétérinaires parmi lesquels on retrouve des calmants, des antibiotiques, des vermifuges, des anxiolytiques, des diurétiques. Et quand on à affaire à des éleveurs peu scrupuleux, on peut également y retrouver des corticoïdes et des anabolisants. Joli cocktail qui devrait faire réfléchir les citoyens européens lorsqu’ils se trouvent devant l’étal du boucher et les inciter à végétaliser leur alimentation et privilégier la viande bio.

N’oublions pas également que le maïs et le soja qui se retrouvent très souvent au menu de nos cochons, poulets et autres veaux d’engraissement proviennent à 80% de plantes génétiquement modifiées. La firme Monsanto et Cargill sont ici dans le collimateur, car aucune étude aujourd’hui ne peut garantir que manger la viande d’un animal nourri aux OGM est sans danger. De plus ces plantes ont été traitées avec du Round Up, un insecticide qui a été fortement mis en cause par l’étude récente du Dr Séralini. ( voir article )

Cancer et pesticides:

En 1930, on produisait un million de tonnes de produits chimiques, en 2000, c’est de 400 millions de tonnes dont il s’agit. Le nombre des cancers a doublé en 30 ans avec en tête de liste, les cancers du sein et de la prostate. Comme par hasard, ce sont des organes qui sont entourés d’une couche de tissus graisseux importante.

On sait que 80% de ces cancers sont dus à nos modes de vie et à notre alimentation, bref à notre environnement. En effet, les pays en voie de développement sont peu concernés par ces pathologies. La palme des pays les moins touchés par le cancer revient à l’Inde rurale qui a un taux de cancer 10 à 20 fois moins élevé que chez nous. Leur alimentation ? Plus de fruits et de légumes avec moins de pesticides, peu ou pas de viande, l’inde comptant le plus grand nombre de végétariens au monde ( 400 millions).

Le végétarisme est certainement une bonne manière d’éviter d’avaler des résidus de pesticides, en effet, d’après le National Research Council of national Academy of Sciences, 55 % de l’exposition des Américains aux pesticides proviendraient de la viande, le bœuf étant celle qui en contiendrait le plus. Ce qui tendrait à confirmer cette étude publiée le 26 mars 1981 dans le New England journal of Médecine, qui démontrait que le lait des femmes végétariennes était jusqu’à 35 fois moins contaminé que celui de celles qui mangeaient de la viande. Bien que les études ne soient pas encore très nombreuses actuellement, il semble évident que végétaliser nos menus permet d’éviter une bonne partie des pesticides présents dans notre alimentation.

F.Derzelle