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Conférence débat du 26 mai à Flémalle

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La composition de nos assiettes reflète souvent notre système de valeurs et notre culture.

La consommation de produits animaliers a un impact considérable sur notre santé, l’environnement, le climat, le respect de l’animal et l’avenir de nos enfants. Quelle est l’ampleur de cet impact ? Vous le découvrirez lors de notre conférence-débat. Lieu: Centre culturel de Flémalle – 25, rue de Beau Site – 4400 Flémalle   Heure: 19h30

Caphhhhture

 

 

 

Les jésuites Végés et la compétition du plus végane ( Paul Watson )

Il semble parfois que nous sommes nos propres ennemis.

Il est à prévoir que les mangeurs de viande sur la défensive attaquent les végétariens et les vegans. Nous sommes tous habitués au vitriol et au ridicule. Mais c’est autre chose que de voir des vegans attaquer des végétariens, ou même pire, des vegans attaquer des vegans. Je reçois sans cesse des lettres d’insultes m’accusant de tout, de manger des sandwichs au thon jusqu’à avoir un congélateur secret rempli de viande sur nos bateaux. Il semble que l’on peut inventer n’importe quoi sur n’importe qui. La rumeur s’amplifie sur internet et peut parfois devenir virale, et certainement internationale. D’habitude, il en résulte un déluge d’accusations, de dénonciations et d’incriminations hystériques et infondées.

On m’a accusé de tellement de choses que cela ne me touche plus. C’est tout bonnement amusant. De nos jours, nous ne profitons plus du travail des rédacteurs en chef, des contrôleurs d’information, ou de tout respect de la vérité. Les opinions deviennent des faits et leur opposition devient mensonge. Voici quelques unes des accusations les plus amusantes que j’ai reçues depuis toutes ces années : j’ai fait fortune en trafiquant du corail noir menacé d’extinction, je suis un trafiquant d’armes international, un assassin du KGB, un amateur de pêche sportive. Telle personne a dit à une autre qu’elle m’avait vu manger un sandwich au thon, un cheeseburger ou du foie gras et du caviar. Beaucoup de ces accusations ridicules proviennent de personnes qui se considèrent vegans et donc bien plus saintes que n’importe qui d’autre.

C’est tellement absurde que cela va jusqu’à traiter quelqu’un comme Ellen Degeneres, qui a fait tellement avancer la cause vegan, d’hypocrite à cause de son sketch sur les pizzas aux Oscars [2014] Le « tu n’es pas un vrai vegan » est devenu une arme de choix dans les conflits relationnels ou de personnalités. J’ai rendu mes expéditions exclusivement vegans il y a 15 ans. Auparavant, certaines étaient végétariennes. Malgré cela, Sea Sheperd est constamment critiqué parce que quelqu’un a vu une personne, quelque part, qui portait un t-shirt ou un sweatshirt Sea Sheperd, et qui mangeait un hot dog. On a même été critiqués parce qu’on autorisait des non vegans à devenir membres d’équipages.

L’une des accusations les plus ridicules consiste à dire que les expéditions de Sea Sheperd ne sont pas vegans pour les « bonnes » raisons. Il existe apparemment différents types de vegans, motivés par différentes raisons comme les problèmes de santé, les préoccupations éthiques, ou touchant à l’environnement et à la conservation.

Ma pureté est suspecte parce que j’ai défendu le véganisme comme alternative à la destruction de la vie dans nos océans. Il ne s’agit pas juste de la pêche pour nourrir l’Homme. Près de 40% du poisson pêché de la mer est transformé en nourriture pour le saumon domestique, les poulets et les porcs de l’élevage industriel, les animaux à fourrure et les chats domestiques.

L’industrie de la viande est le plus grand contributeur du changement climatique, de l’épuisement des nappes phréatiques et du gaspillage des sols par la déforestation.

Selon moi, les défenseurs de l’environnement doivent être vegans, ce qui m’a attiré les foudres des groupes environnementaux généralistes comme le Sierra Club et Greenpeace. J’ai été directeur national du premier, et co-fondateur et directeur du second.

Il faut s’attendre à ces attaques. Personne ne défend autant son assiette qu’un mangeur de viande. Les attaques venant des vegans, c’est tout autre chose.

Pour moi, les raisons pour lesquelles on devient vegan ne sont pas vraiment importantes. L’éthique, l’environnement, la santé, la mode ou la religion… ce n’est tout simplement pas important. Il n’y a qu’une seule chose qui compte, c’est qu’un animal ne souffre pas et ne meure pas pour nourrir l’un d’entre nous. Cerise sur le gâteau, c’est meilleur pour la santé et ça profite grandement à nos écosystèmes. Les mouvements pour l’environnement et les droits des animaux n’ont vraiment pas besoin de ces chamailleries stupides et improductives sur « qui est éthiquement plus pur que les autres ».

Nous devons aussi être plus tolérants. La plupart des vegans ne l’ont pas toujours été et les gens sont plus influencés par l’exemple et la compréhension, que par un prosélytisme agressif et grossier. On a besoin d’une conversion dans l’esprit de Saint François, et pas par Saint Ignace de Loyola.

Quand j’entends : « Je l’ai vue manger un hamburger il y a 5 ans ! »… et alors ? Cela n’a rien à voir avec ce qu’elle fait maintenant !

J’ai été pris à partie par ce que j’appelle un « Jésuite végé » [Veggie Jesuit] parce que je mangeais un hamburger dans un restaurant. Cette personne était furieuse, me traitait d’hypocrite jusqu’à ce que je lui fasse remarque que ce « hamburger » était en fait un « veggie burger ». Ca lui a cloué le bec, mais pas pour longtemps. Quelques mois plus tard, j’ai vu un post publié par la même personne, disant qu’elle m’avait vu manger un « hamburger » et me qualifiant d’hypocrite. Les commentaires au post disaient : « Oui, tout le monde sait que c’est un viandard, bla, bla, bla… ».

Et bien sûr, cela doit être vrai parce que c’était sur Facebook et les gens croient ce qu’ils veulent croire.

En 1980, peu de gens avaient déjà entendu parler du véganisme. Aujourd’hui, c’est un mouvement en pleine croissance, qui se renforce chaque jour. Le véganisme est le futur de l’humanité, si nous avons un futur tout court.

Une autre chose qui m’embête vraiment chez certains vegans, c’est qu’ils attaquent des causes qu’ils devraient soutenir. Par exemple, quand les gens contestent la vente de [viande de] lapin chez Whole Foods, les réactions prévisibles déferlent, comme : « Oui mais ils vendent aussi du bœuf, du porc et du poulet ! Et eux alors ? ».

Cela présuppose que celui qui défend les lapins déteste les vaches, alors qu’il livre une bataille dont la victoire est possible et qu’il essaie d’empêcher l’escalade de l’abattage chez Whole Foods. Je reçois les mêmes réactions à nos campagnes de protection des dauphins : « Oui mais, et les vaches ? ».

On dirait qu’ils ne comprennent pas la définition de « Sea Sheperd ». Nous ne sommes pas les bergers des pâturages ou des fermes. Oui, la détresse des vaches et des cochons est importante et nous ne les mangeons pas, mais il est ridicule de discréditer une campagne en faveur d’une espèce en demandant son abandon au profit d’une autre. C’est comme si j’allais chez des activistes anti-corrida en leur disant : « Hé, et les dauphins ? ».

Nous avons des buts communs et nous devrions nous complimenter au sein d’un mouvement de diversité, au lieu de lutter pour attirer l’attention des autres sur nos objectifs spécifiques. En chemin vers ce but, nous devons nous montrer compréhensifs, encourageants, et montrer l’exemple. Nous devons aussi arrêter de diffuser des rumeurs vicieuses et de nous servir du véganisme pour notre propre bénéfice quand il s’agit de conflits de personnalités et de compétition.

Le véganisme est sur le point de devenir un mouvement global, ce qui requiert de la diversité, parce que la diversité, c’est la force. Pour devenir plus forts, nous devons comprendre le concept militaire d’identification de l’ennemi. Et tous les vegans, quelles que soient leurs motivations, leurs activités ou l’intérêt, sont les maillons d’une chaine qui se renforce constamment.

Le véganisme, c’est la compassion. La compassion pour les animaux, pour la planète et pour le futur de tous les êtres vivants.

 

 

Un éternel Treblinka

Cet ouvrage est l’œuvre d’un Docteur en Histoire à l’Université Columbia de New York et c’est à ce titre qu’il nous raconte à travers l’histoire de l’humanité notre rapport avec les animaux, et au-delà de celui-ci avec les plus faibles ou ceux que l’on a opprimés (les esclaves, les noirs, les juifs, les femmes, les handicapés, etc.). Il a également écrit des ouvrages sur la shoah et sur le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

L’auteur défend la thèse selon laquelle l’oppression des animaux sert de modèle à toute forme d’oppression. Il rappelle le mot d’Adolf Hitler: « Celui qui ne possède pas le pouvoir perd le droit à la vie » et nous fait comprendre que le processus d’anéantissement de l’opprimé commence par sa « bestialisation » afin de rendre celui-ci possible.

Dans un style limpide, Charles Patterson décrit dans son premier chapitre l’histoire de la grande division entre l’humain et les autres animaux et l’émergence du concept « homme » pour quila force fait loi.

La domestication des animaux a commencé il y a environ 11.000 ans au Proche-Orient. Pour parvenir à ses fins et rendre les animaux plus dociles, l’homme utilise la castration.

L’auteur fait état de nombre de techniques cruelles utilisées encore de nos jours, y compris par les lapons et les touaregs par exemple et pas uniquement dans nos élevages industriels.

L’histoire de la domestication des animaux est associée à l’image de la voie de l’homme vers la civilisation. On l’associe rarement avec la cruauté des techniques employées pour y parvenir. A dater de cette époque, s’opère une transformation de la vision qu’ont les humains des animaux. Dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, il existe un sentiment de parenté entre humains et animaux, reflété dans le totémisme et les mythes qui représentaient des animaux ou des créatures mi-animales, mi-humaines. Les animaux chassés vivaient libres du contrôle humain, jusqu’à ce qu’ils soient traqués et tués.Le principal mécanisme d’adaptation employé par les humains fut l’adoption d’une opinion: ils étaient distincts des autres animaux car ils étaient moralement supérieurs à eux.Les relations des humains avec les autres êtres devinrent ce qu’elles sont aujourd’hui: domination, contrôle et manipulation.

D’après certains anthropologues, l’invention de l’élevage et de l’agriculture aurait entraîné une approche interventionniste dans la vie politique. Dans les sociétés, comme en Polynésie, où l’on vit de cultures de légumes et autres denrées qui nécessitent peu d’intervention les gens croient que la nature doit être laissée à sa propre évolution et qu’on devrait leur faire confiance à eux aussi pour mener leur vie, avec un contrôle minimum venant d’en haut.Il y aurait un parallélisme entre la domestication et la mentalité sociale et politique qui produirait une attitude plus autoritaire.La domestication animale serait le modèle de l’asservissement des êtres humains.

On voit ensuite que l’on utilise dans un second temps la castration et le marquage au fer rouge pour les esclaves.

Lorsque les religions émergent des civilisations en Grèce antique, en Mésopotamie, en Inde et en Chine, l’exploitation des animaux captifs est déjà fermement établie et celles-ci sanctifient la notion que le monde a été créé pour l’espèce humaine. Patterson poursuit sont travail d’historien en détaillant avec une grande clarté la vision qu’ont les différentes grandes religions de la relation de l’homme avec les animaux à travers les siècles.

Chez certains philosophes comme Platon, on rencontre l’idée d’une grande chaîne des êtres vivants dont nous faisons tous partie qui suppose une organisation hiérarchique vue comme le reflet de l’ordre parfait de l’univers selon Dieu.

Cette grande chaîne des êtres pouvait expliquer pourquoi certaines classes sociales étaient par nature subordonnées à d’autres dans une société où chaque classe avait une place déterminée par le divin.

On lit avec indignation (et avec notre regard du 21ème siècle !) les descriptions de la façon dont on considère les esclaves, que Thomas d’Aquin appelait « les instruments de service animés ». On pensait qu’ils tombaient sous la condition de l’animalité même.

Au début de l’ère moderne, l’idée de l’homme au sommet de la création était le point de vue dominant.

La doctrine de Descartes et surtout de ses successeurs considère les animaux comme de simples machines ou automates totalement incapables de raisonner.Il y a une rupture absolue entre l’homme et le reste de la nature.Comme le souligne Patterson: « Une opinion négative des animaux permettait aux gens de projeter sur eux des caractéristiques qu’ils n’aimaient pas en euxmêmes et les aidaient à se définir en s’opposant au comportement animal grâce à ce qui est prétendument distinct et admirable dans le comportement humain » La grande séparation justifie la chasse, l’ingestion de viande, l’expérimentation animale et toutes ces sortes de cruautés infligées aux bêtes.

La grande division entre humains et animaux fournit une norme (ensemble de qualités qui définissent l’humain) en fonction de laquelle juger les autres.Cette conception hiérarchique, fondée sur l’asservissement et la domestication des animaux, élaborée il y a 11.000 ans, couvrit et encouragea l’oppression de ceux qui étaient considérés comme des animaux ou comparables à des animaux et qui mena à des idéologies comme le nazisme et le colonialisme.La domestication des animaux a fourni le modèle et l’inspiration de l’esclavage et des gouvernements tyranniques. Elle a posé les bases de la pensée hiérarchique occidentale et des théories raciales et américaines.

Comme le rappelle Patterson; au début du 19ème siècle, les scientifiques européens construisaient diverses théories sur l’inégalité humaine en se fondant sur la race, le sexe et la classe, qui plaçaient le mâle européen blanc au-dessus des non-européens, des femmes, des juifs et au bas de l’échelle des africains. Il ressort une évidence de la supériorité de la race blanche pour la pensée scientifique occidentale.

Les premiers habitants d’Amérique furent rabaissés de la même manière que les noirs en prélude à leur extermination (lors de la conquête espagnole). L’auteur donne une série d’exemples de personnages dont les écrits sont édifiants sur leur façon de considérer les indiens. Entre autres Josiah Clarck NOTT, craniologue et coauteur du très populaire « Types of Mankind or Ethnological Research » (« Types humains ») en 1856 qui concluait de son étude de crânes humains que si les parties du crâne qui indiquaient l’intellect étaient bien développées chez les Caucasiens, les crânes indiens indiquaient une « forte propension animale ».

Et donc leur extermination devenait nécessaire afin d’éviter « la pollution que constituaient les échanges interraciaux ».Avilir l’ennemi en le comparant à un animal encourage à tuer et rend la chose plus facile.

Pendant la seconde guerre mondiale, on rabaisse les Japonais en les traitants « d’animaux, de reptiles ou d’insectes ».De même, les Japonais utilisaient eux aussi l’imagerie animale pour rabaisser les ennemis, en particulier les chinois.Patterson relate la manière dont les Japonais imposaient à leurs nouvelles recrues des exercices de « désensibilisation » en leur faisant tuer des civils. On leur disait: « vous ne devez pas considérer les chinois comme des êtres humains, mais plutôt comme quelque chose de valeur inférieure à un chien ou un chat ».Les images animales déshumanisent l’ennemi et facilitent sa destruction.C’est une façon de redéfinir l’ennemi pour pouvoir massacrer des innocents sans s’infliger une auto-condamnation.

S’ensuit moult exemples concernant l’avilissement des juifs. Martin LUTHER (1483-1546) n’est pas en reste à ce sujet en déclarant que « la mort était la solution finale au problème juif » !Traiter les juifs d’animaux était ce qui avait conduit à les tuer comme des animaux.L’historien met ensuite en parallèle la violence contre les animaux et la violence contre les gens dans deux pays industrialisés: Les Etats-Unis et l’Allemagne.

« Auschwitz commence quand quelqu’un regarde un abattoir et pense: ce ne sont que des animaux »

Theodor ADORNO

La 2ème partie de ce livre s’intéresse à la manière dont le massacre industrialisé des animaux et celui des personnes se sont entremêlés à l’époque moderne et comment l’eugénisme américain et les massacres à la chaîne ont traversé l’océan atlantique et trouvé un terrain fertile en Allemagne nazie.

Les colons européens amenèrent avec eux dans les Amériques leur pratique d’exploitation des animaux par le travail, l’alimentation, le vêtement et le transport.Les Européens étaient particulièrement carnivores en comparaison avec les peuples de l’Est qui mangeaient des légumes.La colonie hollandaise de la Nouvelle-Amsterdam devint au milieu du 17ème siècle la capitale de l’abattage en Amérique du Nord.Patterson décrit l’expansion phénoménale des abattoirs de ce qui allait devenir New York en 1664.De même, à Cincinnati qui devint au 19ème siècle le centre du commerce florissant du porc dans la région.La rudesse avec laquelle les Américains traitaient les animaux de ferme choquait les nouveaux émigrants européens.L’auteur décrit le processus d’abattage qui se transforme en véritable industrie.La construction des Union Stock Yards – regroupement d’entreprises de parcage de bêtes, d’abattoirs et d’entrepôts de viande dans les années 1860 – fit de Chicago la nouvelle capitale des « tueries » d’Amérique.

De l’ouverture des Union Stock Yards jusqu’en 1900, le nombre total d’animaux abattus atteignit 400 million de têtes. Ce chiffre est une goutte d’eau comparé à ce qui se fait maintenant.De nos jours, les abattoirs américains tuent ce nombre d’animaux en moins de 2 semaines. »La Jungle », le livre d’Upton SINCLAIR, qui s’est documenté sur place parmi les ouvriers des USY, décrit les conditions de vie et de travail de ceux qui ont pour mission l’abattage de ces pauvres victimes.« …même la personne la plus terre à terre ne pouvait éviter de penser aux cochons si innocents, qui venaient en toute confiance; et ils étaient si humains dans leurs protestations et tellement dans leur droit ! De temps à autre, un visiteur pleure, mais cette machine à tuer continue, visiteurs ou pas. « 

Grâce à ces descriptions, on peut se rendre compte de ce que l’industrie de la viande fait subir non seulement aux animaux mais également à ses ouvriers.Dans les années 1990, l’artiste peintre engagée Sue COE passa 6 ans à visiter des abattoirs dans tout le pays. En est sorti un livre: « Dead Meat » composé de dessins et de descriptions sur les opérations  d’abattage de la petite entreprise familiale à l’usine géante de traitement de la viande.De sa visite dans un petit abattoir de Pennsylvanie, elle dit: « cet endroit est sale, crasseux même – des mouches volent partout. Les murs, le sol, tout, partout est couvert de sang. Le sang séché a formé une croûte sur les chaînes »Elle s’installe dans la salle d’abattage avec son carnet de croquis. A l’heure du déjeuner, elle reste seule: « on me laisse donc seule avec 6 corps décapités et pissant le sang. Les murs sont éclaboussés, et il y a déjà des gouttes sur mon carnet… »Ensuite après la pause, le travail reprend: « Dany se charge de trancher les gorges, de décapiter les bêtes et de laver les têtes, puis il coupe les sabots avant et fait entrer une autre vache? […] Elles se débattent comme des folles pendant que Dany leur tranche la gorge. »

Sue regarde le sang gicler « comme si tous les êtres vivants étaient des récipients mous qui n’attendaient que d’être percés »

Quand Sue Coe visita un grand abattoir de haute technologie dans l’Utah, elle trouva l’atmosphère très différente de celle des petits abattoirs. L’entreprise emploie 11.000 personnes et abat 1600 bêtes par jour.« C’est l’enfer de Dante, vapeur, bruit, sang, odeur et vitesse. Des jets d’eau lavent la viande, des machines géantes d’emballage sous vide scellent 22 morceaux de chair à la minute ». »La shoah ne cesse de me revenir à l’esprit, ce qui m’ennuie furieusement » écit Sue dans son livre, dont Patterson reproduit un extrait à la page 111. Au cours des dernières décennies du 20ème siècle, le rythme de la production de viande s’est accru de manière remarquable. Il y a eu une violente accélération de la vitesse des chaînes: aujourd’hui, la vitesse des convoyeurs dans les abattoirs permet de traiter 1100 animaux à l’heure, ce qui signifie qu’un seul ouvrier doit tuer un animal toutes les quelques secondes.

Etant donné l’idée principale défendue par Patterson d’établir un lien entre le traitement infligé aux animaux et celui réservé aux humains dans les camps nazis repris dans l’affirmation de Theodor Adorno (voir plus haut), il était logique qu’il réserve une partie de son 3ème chapitre à Henry FORD.

Celui-ci explique dans son autobiographie « Ma vie et mon œuvre » que c’est lors d’une visite dans un abattoir de Chicago, lorsqu’il a vu au plafond les rails que les bouchers utilisent pour découper la viande qu’il a eu l’idée de la chaîne de production.

Dans l’abattoir, les animaux abattus sont suspendus la tête en bas à une chaîne mouvante. Ils passent ainsi d’ouvrier en ouvrier qui exécute chacun une tâche particulière du processus.Cette façon de procéder a introduit quelque chose de tout-à-fait nouveau dans notre civilisation industrielle moderne: la répartition entre de nombreux acteurs de la responsabilité du geste de la mise à mort et par ce fait, comme dit Patterson: « la banalisation du geste qui tue et un niveau jamais atteint d’insensibilité ».Comme le démontrera le 20ème siècle, il ne restera plus qu’un pas à franchir du massacre industrialisé des abattoirs américains aux chaînes de meurtres collectifs de l’Allemagne nazie.

De l’abattoir à la Shoah

Henry Ford, qui était l’antisémite que l’on sait, s’est servi de sa méthode de chaîne pour la développer afin d’aider les nazis au massacre perpétré contre les personnes en Europe.L’auteur décrit de façon très documentée la campagne antisémite auquel se livra Ford (p 115 et suivantes) qui eut une forte influence sur Hitler, ses partisans et sur la pensée de la jeunesse allemande en général. Hitler n’avait pas hésité à accrocher un portrait de Ford au mur près de son bureau et se vantait souvent devant ses collaborateurs de son soutien financier.

Ford publia un recueil de brochures antisémites reprises sous le titre  » The International Jew » mais quand il s’aperçut que cette publication était susceptible d’avoir un effet défavorable sur la vente de ses automobiles, il accepta de la retirer. Il fut décoré en 1938 de la grande croix de l’ordre suprême de l’Aigle allemand, le plus grand honneur accordé par l’Allemagne nazie à un étranger.

L’eugénisme

L’idée d’améliorer les qualités héréditaires des populations (en faisant se reproduire les individus dont les qualités génétiques étaient jugées plus favorables et en faisant castrer et tuer les autres) mena à la stérilisation forcée aux Etats-Unis et à la stérilisation forcée, à l’euthanasie et au génocide en Allemagne nazie.

Patterson explique, dans un style très limpide, comment l’on est passé de l’élevage scientifique à l’étude de la génétique dans l’élevage animal et ensuite au mouvement eugéniste dont le but était la stérilisation et le contrôle de la reproduction de ceux qu’on jugeait comme un fardeau pour la société.

On a froid dans le dos en découvrant la politique eugéniste aux Etats-Unis au début du 20ème siècle, soutenue par nombre de scientifiques et présidents d’universités; comment elle s’est exportée dans les cercles médicaux et scientifiques allemands et la terminologie employée pour désigner des êtres humains jugés « indignes de vie », « ballast humain », « humanité défectueuse », « coquilles vides d’êtres humains ». Ensuite, on connait les idées d’Adolf Hitler sur l’amélioration et la sauvegarde de la « race aryenne »…On estime que le nombre total d’Allemands stérilisés sous le régime nazi se situe entre 300 et 400.000 personnes. L’auteur prend l’exemple d’Heinrich Himmler, le chef des SS pour illustrer le lien entre les études sur l’élevage et l’eugénisme.

Celui-ci se forma à l’agriculture et étudia l’agronomie.Son intérêt pour la reproduction et l’abattage des poulets se transforme en intérêt pour la procréation et le meurtre des êtres humains (Fritz REDLICH, Hitler: Diagnosis of a Destructive Prophet, op.cit, p 107)

Son projet était de créer « une nouvelle souche pure en commençant par arracher celles non désirées« , tel un horticulteur.Après la guerre, un des officiers SS témoigna que le passé agricole de Himmler était bien à la base de son obsession pour la procréation raciale. L’exploitation animale – reproduction, sélection et abattage – a posé les jalons à chaque étape sur la voie menant au génocide. Patterson met en évidence que bon nombre des membres du personnel du « programme T4 » (programme d’euthanasie des handicapés) et ceux qui ont été envoyés en Pologne pour faire fonctionner les camps de la mort étaient issus du monde de l’élevage, « berceau de la pensée eugéniste allemande ».Pour lui, « l’expérience dans l’exploitation et le massacre des animaux s’avéra une excellente formation ». L’historien de la shoah qu’est Charles Patterson (il a écrit plusieurs ouvrages à ce sujet) nous montre de quelle façon les nazis ont traité leurs victimes comme des animaux avant de les assassiner, par exemple en les obligeant à se déshabiller et à se regrouper comme du bétail.

Il énonce ensuite, ce qui, à mon sens, est l’aspect fondamental de la condition de réussite du meurtre de masse qu’il soit perpétré sur des humains ou dans un abattoir. « En réduisant la nécessité de réfléchir et de prendre des décisions, la routine du massacre diminue les risques que les participants reconnaissent la dimension morale de leurs actes »C’est le principe de la chaîne dans les abattoirs et de la fonctionnarisation dans le système nazi.

A Treblinka ou dans tout autre camp de la mort comme dans les centres d’abattage, ceux qui arrivent faibles, malades ou blessés gênent l’efficacité du déroulement des opérations. On ne se donne souvent même plus la peine de les abattre mais on les laisse sur le côté, agonisants des jours durant.

En 1989, Becky SANSTEDT filma le supplice des animaux écroulés (c’est ainsi que l’on nomme les animaux qu’on laisse périr seuls) aux abattoirs de South St Paul, dans le Minnesota et rendit son document public ce qui poussa les abattoirs à adopter une nouvelle politique vis-à-vis de ces animaux.

Patterson nous fait remarquer à juste titre que les animaux qui sont consommés pour leur viande sont la plupart du temps des bébés.

C’est une réalité qui pose parfois problème aux ouvriers des abattoirs dont il relaie les commentaires émouvants car dans ce cas, les protections psychologiques nécessaires pour exercer ce métier tombent devant la vision de si jeunes animaux.L’auteur établit de nouveau un parallèle avec les membres des Einsatzgruppen qui avaient plus de mal à tuer les enfants que les hommes.Il est troublant de noter le lien étroit entre le fonctionnement de ces centres d’abattage et les camps de la mort. Les allemands faisaient parvenir aux abattoirs de Dresde des animaux de boucherie provenant des territoires occupés de l’Est.

Le trafic constant des wagons à bestiaux entre l’Allemagne et les territoires occupés permit de fournir la couverture nécessaire au transport discret des juifs jusqu’aux camps de la mort.« Manger des animaux était un des grands plaisirs des tueurs des camps »  souligne Patterson. C’est avec écoeurement que l’on lit quelques extraits des correspondances  que ceux-ci entretiennent avec leur famille au sujet de l’approvisionnement pléthorique des camps en viandes diverses.Il en va de même des quelques discussions que les dignitaires nazis eurent au sujet d’une politique eugéniste « plus humaine » ou comment massacrer des gens mais de façon « plus correcte », ainsi qu’en 1958 la loi votée par le congrès des Etats-Unis dite « l’Humane Slaugher Act » pour rendre « plus humain » l’abattage des animaux de ferme.

Mais que ce soit pour le massacre des animaux ou celui des humains, ce « souci d’humanité » ne sert qu’à dédouaner les bourreaux de leurs crimes. Patterson termine cette 2ème partie de son ouvrage par cette citation de l’historien de la Shoah Raul HILBERG« la dite « humanité » du processus de destruction était un important facteur de son succès. Cette « humanité » fut développée non au bénéfice des victimes bien sûr, mais pour le bien-être de leurs bourreaux »

Patterson consacre la dernière partie de son livre d’une part aux survivants de camps et aux membres de leur famille et d’autre part, aux allemands dont l’histoire personnelle est liée à la Shoah et dont l’attitude envers les animaux a été influencée par celle-ci.Il décrit les parcours de vie de militants liés à la Shoah qui ont consacré leur vie à aider les autres, humains ou animaux.

Il illustre cette idée par l’exemple de deux des principaux dirigeants du mouvement moderne pour le droit des animaux –

Peter SINGER et Henry SPIRA.

Le premier perdit trois de ses grands-parents dans les camps tandis que le second réussit à s’échapper avec sa famille après la Nuit de Cristal.La terreur nazie que Spira vécut enfant eut un impact durable sur lui, ce qui l’a poussé au militantisme. Mais c’est la rencontre avec Peter Singer lors de ses cours de philosophie qui l’amena à devenir végétarien.Singer, de son côté, est un philosophe connu internationalement dont l’ouvrage « la libération animale » a aidé le mouvement moderne pour le droit des animaux. Il est également professeur de bioéthique à Princeton et il assurait dans les années 70 un cours du soir pour adultes sur la libération animale fréquenté par Spira.

L’auteur mentionne également la journaliste Aviva CANTOR, sioniste, féministe et avocate de la cause animale. Elle a cofondé le magazine féministe juif « Lilith ».Depuis 1984, elle est vice-présidente à la communication pour l’organisation américaine de protection Concern for helping animals in Israël (CHAI- « aider les animaux en Israël »)Aviva Cantor émet une idée très intéressante et qui mérite d’être développée: elle pense que ce qui a rendu la shoah possible, c’est le fait que ce sont les valeurs patriarcales qui dominent notre société. Cette réflexion doit être méditée car tout notre système de valeur « masculiniste » glorifie la puissance et la domination, c’est-à-dire le principe qui veut que « le pouvoir donne tous les droits ».Elle partage cette idée avec Isaac Bashevis Singer (1904-1991), écrivain yiddish, lauréat du prix Nobel de littérature en 1978.

Nombre de membres de sa famille restés en Pologne furent tués durant la guerre tandis que Singer partit pour les Etats-Unis en 1935. Patterson consacre entièrement son 7ème chapitre à décrire la vie et les œuvres de Singer qui fut particulièrement sensible à la condition animale. La nouvelle de Singer intitulée « The Letter Writer » narre la vie de Herman Gombiner qui dispose chaque soir un peu de pain et de fromage et une coupelle d’eau à l’intention d’une souris qui vit chez lui. Malheureusement, il tombe malade et oublie de nourrir la petite bête.

Alors qu’il la croit morte, il murmure un éloge funèbre qui inspirera Patterson pour le titre de son ouvrage:
 » Tous ces érudits, tous ces philosophes, les dirigeants de la planète, que savent-ils de quelqu’un comme toi ? Ils se sont persuadés que l’homme, espèce pécheresse entre toutes, domine la création. Toutes les autres créatures n’auraient été créées que pour lui procurer de la nourriture, des fourrures, pour être martyrisées, exterminées. Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka »

Quant au dernier chapitre, il donne la parole aux allemands qui ont dû se poser des questions sur ce que leur a laissé l’Allemagne nazie.L’auteur nous montre de beaux exemples de personnes qui sont, à la suite de leurs réflexions à ce sujet, devenus des militants ou fondateurs d’associations de défense des animaux.

Il est à noter que vous trouverez  à la suite de la bibliographie le répertoire des associations citées avec leurs coordonnées et leurs adresses e-mail.

« Le temps viendra où des hommes tels que moi considèreront le meurtre des animaux comme ils considèrent aujourd’hui le meurtre des hommes ».

                                                                                              Léonard de Vinci.

Cet article a été rédigé par Hubaut Emmanuelle

Dessert, encas et petit-déjeuner (vidéos)

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De jeunes végés qui montent, qui montent, qui montent, …

Préambule :

S’il existe bon nombre de sportifs amateurs qui ont choisi de suivre un régime végétarien voire végétalien, nous avons eu envie de vous présenter des athlètes qui concilient sport de haut niveau et végétarisme.  C’est ainsi que nous avons pris contact avec l’ensemble des fédérations sportives agréées par la région Wallonie-Bruxelles.

Avant donc de faire connaissance avec ces sportifs, nous souhaitons remercier ici celles qui ont eu la gentillesse de nous répondre (elles sont rares, puisqu’à peine 4 sur 39 ont pris la peine de le faire) même si, à leur connaissance, à l’instar de Monsieur Fauthoux de la fédération de squash, il n’existe personne au sein de leur corporation suivant un tel régime alimentaire.

Pointons aussi la réponse pour le moins saugrenue de la fédération de cyclisme, puisque celle-ci fut anonyme avec le slogan « Sportifs, mangez de la viande », et un lien qui renvoyait vers une boucherie !

Qui sont-ils ?

A la fin des années 70, sortit « Rencontre du 3ème type ».  Plus de trente ans plus tard, nous vous proposons « Rencontre avec 3 types », à qui nous souhaitons de rencontrer le même succès.

Antoine, Florian et Sébastien ne savent pas garder leurs pieds sur le plancher des vaches.  En effet, tous trois excellent dans l’escalade.  Si Florian est plutôt un adepte de l’escalade hors compétition et ne cesse de rechercher les falaises ;Sébastien, quant à lui, a été champion de Belgique en 2014 et cumule également plusieurs podiums dans le domaine de la course à pied.  Enfin, Antoine fait partie intégrante de l’équipe nationale d’escalade et a pris part à la saison de coupe du monde en 2014.  Pour atteindre un tel niveau, ils s’entraînent tous entre 20 & 30 heures par semaine !

Antoine et Sébastien sont étudiants en éducation physique à l’Université de Louvain-la-Neuve (en 2ème master pour Sébastien et 1ère bac pour Antoine, qui a choisi cette voie après une totale réorientation), pendant que Florian achève son cycle d’architecture.

Agés de 22 ans, ils sont devenus végétariens plus ou moins à la même époque, c’est-à-dire en octobre-novembre 2013.  Ils incarnent donc pleinement la nouvelle génération de végétariens.

Pourquoi ?

Les raisons qui les ont poussés vers le végétarisme sont différentes.

blessure-escaladeSi habituellement, trois thèmes principaux sont évoqués pour expliquer ce régime alimentaire (sensibilisation à la cause animale, préoccupation écologique ou encore un intérêt relatif à la santé), Antoine nous en apprend un quatrième : à cause ou grâce à un pari !

Relevant un défi avec un ami de se nourrir sans viande pour une période de 3 mois, il a constaté qu’il était très facile de s’en passer.  Il a poursuivi son effort, soucieux d’une part, d’apporter sa pierre à l’édifice en matière de préservation de l’environnement et d’autre part, de rester à l’écoute de la cause animale.  La motivation au fond est notre environnement, alors que le côté émotionnel touche aux animaux.  Au final, c’est un pari totalement réussi !

Après discussion et après avoir vu des reportages sur l’impact de la consommation de viande sur notre planète, en particulier sur l’état de la famine sur le continent africain, Sébastien a décidé de se passer de viande.

Pour Florian, après un stage d’une semaine en compagnie d’un athlète végétarien, il a lui aussi observé combien c’était aisé de faire sans viande.  C’est ainsi qu’il a commencé à cuisiner d’autres produits, et trouve même cela intéressant,  même si des interrogations se sont présentées du point de vue de la santé.  Le thème de la cause animale est venu s’ajouter ultérieurement, après avoir vu des reportages télés.

Végé-out ?

Chacun connaît le principe du coming out, qui consiste en l’annonce volontaire d’une orientation sexuelle ou d’une identité de genre.  Par extension, nous pourrions être tentés de transposer ce principe au végétarisme, étant entendu qu’il s’agit d’une annonce publique de toute caractéristique personnelle.  Nous le nommerons « végé-out ».

Si pour certains, « faire son coming-out » demande beaucoup d’efforts, il n’en est rien pour nos trois amis en ce qui concerne leur végé-out.  Bien au contraire.

Sébastien assume pleinement son choix et ses responsabilités, en discutant autour de lui et en développant son argumentation, axée sur l’environnement.  C’est ainsi que,  aidé d’une sœur et d’un frère devenus végétariens à la même époque, il a su convaincre ses parents de le devenir.  Ces derniers ont discuté et ont pris conscience des arguments de leurs enfants.

Issu d’une fratrie comportant un frère et deux petites sœurs, dont l’une est devenue végétarienne en novembre 2015, Florian doit faire face au scepticisme de ses parents, lesquels du reste ont diminué leur consommation de viande et restent ouverts à toute discussion en la matière.

Enfin, Antoine suscite le débat à chaque week-end lorsqu’il rentre de son kot au domicile parental et, sans mauvais jeu de mots, cela porte ses fruits.  Au départ, il faut dire que ses parents étaient très réservés sur le sujet (« ça ne sert à rien »).  Pourtant, à force de discussion et bien que ses parents soient toujours omnivores, il a observé un réel changement dans leur mentalité, puisqu’ils évoquent autour d’eux le végétarisme, ce qui traduit à leur manière leur prise de conscience. Avec ses parents, Antoine plaide davantage sur base de la cause animale car, estime-t-il, c’est plus difficile pour ses parents de se projeter dans 30 ans et d’envisager l’état de la planète à ce moment-là que pour une personne de sa génération.

Végéphobie ?

Aucun de ces trois athlètes pratiquant un sport d’endurance ne ressent une quelconque crainte, notamment au niveau des protéines suite à leur végétarisme, même si Sébastien a suivi et terminé un régime complémentaire spécifique (en fer) durant 5 à 6 mois, et aucun d’eux ne ressent davantage l’envie de remanger de la viande.

Le mythe des carences n’a pas tenu longtemps devant leurs résultats et avec leur entraîneur, il existe une confiance mutuelle, dans la mesure où c’est avant tout le sportif qui se prend lui-même en charge.   L’éveil et le regard du coach demeurent toutefois en alerte, en cas de fatigue anormale ou de baisse de niveau, n’ayant pas comme origine une blessure physique.

En outre, Florian souligne qu’en tant que grimpeurs de voie (un des trois disciplines de l’escalade), les escaladeurs ont un rapport direct avec la nature, ce qui facilite la sensibilisation environnementale.  La configuration des lieux, étant donné qu’il leur arrive très souvent de dormir sous tente, impose aussi une acclimatation à la nature.

Pour les autres athlètes, ils sont soit curieux ou mieux, ils s’adaptent.  En effet, comme le souligne Sébastien, lors de stages, c’est davantage le sportif omnivore qui prend le pli de ne pas manger de viande, et ce, sans le moindre inconvénient.  Il est vrai que devant les difficultés à escalader, les grimpeurs portent une attention toute particulière à leur poids, de telle sorte qu’il s’agit plus d’une approche diététique qu’éthique fait remarquer Antoine, lequel conclut le sujet en pensant que, selon lui, les grimpeurs de haut niveau ont réduit leur consommation de viande et possèdent déjà une hygiène de vie équilibrée.

L’adaptation dans la vie courante vaut tout autant, vu que le choix du restaurant revient généralement à celui qui a décidé de ne plus manger de viande.  A dire vrai, il faut noter à ce propos que de plus en plus de restaurateurs proposent des plats végétariens, ce qui traduit derechef une adaptation au monde végétarien, bien que pour ces derniers, ce soit le plus souvent par esprit mercantile.

A propos de cantine, nous noterons l’anecdote culinaire relatée par Sébastien.   L’action se passe en Espagne (Gijon)à l’occasion du championnat du monde en septembre 2014.

Notre champion remarque une lasagne verde sur le menu et s’enquiert auprès du cuistot de la présence de viande, en posant la question « No carne ? ».  Satisfait de la réponse négative reçue, il entame la dégustation de son plat.

Après quelques bouchées seulement, il attire l’attention du cuisinier sur des tranches de jambon.  Sa réaction fut « Carne es no jamon » !

Conséquence sur leurs résultats ?

Sans jusqu’à affirmer que c’est grâce à son végétarisme (puisqu’il ignore s’il y a un lien de cause à effet), Sébastien relève que sa période la plus faste au niveau sportivement parlant jusqu’à présent coïncide avec son changement alimentaire.  Végétarien depuis novembre 2013, ses meilleurs résultats courent sur la période de mars à juillet 2014, avec un titre de champion de Belgique en escalade à la clé et des progrès probants dans le domaine de la course à pied.  En résumé, il dit : « j’étais plus fort à tous les niveaux ».

Antoine aussi a dû observer que ses résultats ont explosé, tout en mettant plutôt l’accent sur une meilleure assiduité à l’entraînement et à une discipline plus forte.  Son végétarisme lui apporte une aide de nature psychologique : il se sent mieux dans sa tête car il sait qu’il fait quelque chose de bien et par conséquent, il se sent mieux dans son corps.  Bref, l’adage : » anima sano in corpore sano ».

Florian termine en disant que ces deux facteurs combinés, à savoir l’alimentation végétarienne et l’entraînement, sont à la base de leurs résultats actuels.

Aller plus loin ?

La cohérence et la logique prédominent dans l’esprit de ces trois jeunes végétariens, étant entendu que la possibilité d’embrasser un régime végétalien est réelle et probable.  Néanmoins, à ce stade-ci, des obstacles de nature variée ne leur permettent pas de la concrétiser.

Sébastien et Florian mettent en avant par exemple le fait que leurs colocataires respectifs font déjà des efforts en essayant de s’adapter lors des repas communs, de telle sorte que, dans le chef de ces mêmes colocataires, s’accoutumer à un régime végétalien serait sans doute au-dessus de leurs forces.

Par ailleurs, comme le relève Antoine, pour un étudiant, le critère financier est également un frein à ce développement et il n’occulte pas non plus le critère de commodité pour expliquer le fait de ne pas être végétalien actuellement.

Du point de vue de leur sport, il est important de noter qu’une information leur est primordiale pour acquérir les bons réflexes et connaître les aliments les plus appropriés.  La peur de rencontrer des « coups de down » ou de fringale tient plus de leur méconnaissance actuelle en matière de nutrition végétalienne que cette dernière en elle-même.

Après nous …

S’il leur arrive d’avoir des enfants, aucune imposition ou obligation ne sera faite à l’enfant.  Ils respecteront le choix qui sera fait par ce dernier.  Nous pouvons en tout cas faire remarquer que la copine d’Antoine est également végétarienne, si bien que le chemin semble déjà tout tracé …

Si le régime alimentaire ne sera pas imposé, tous éprouvent en revanche le besoin d’informer, d’éduquer et de sensibiliser l’enfant qui viendrait à voir le jour, ce qui en réalité est l’affaire de nous tous quel que soit l’âge de notre interlocuteur.

Conclusion :

En guise de fin, ces athlètes pensent que plusieurs composants expliquent les limites de l’expansion du végétarisme de nos jours.

Tantôt il s’agit d’une question de mentalité, tantôt de sensibilisation ou encore, l’ignorance des alternatives (pour la plupart, les protéines pauvres en graisses se résument à du thon, du blanc de poulet, ou de la dinde).

L’éducation reçue (« mange de la viande mon fils ») explique aussi la situation dans nos habitudes alimentaires actuelles, si bien que les gens ne sont pas prêts ou n’ont pas le courage de franchir le pas.  Il ne tient qu’à nous de les informer et le reste viendra, en toute logique, de lui-même.

Nous espérons que vous aurez apprécié la découverte de ces jeunes végés en herbe et vous donnons d’ores et déjà rendez-vous lors de notre prochain numéro.  A cette occasion, nous vous réservons une surprise, qui coupera court à beaucoup d’idées reçues …

[1] Les informations reprises dans le présent article proviennent d’une rencontre organisée le dimanche 10 janvier 2016 au centre sportif du Blocry de Louvain-la-Neuve.

Influences Végétales : le déclic par le goût

Syl&Xav

Influences Végétales : le déclic par le goût

Comment provoquer un passage vers une alimentation végétale de qualité ? BeVeggie a rencontré Sylvie Deschampheleire et Xavier Anciaux, les fondateurs d’Influences Végétales. Cette asbl active depuis mai 2013 organise des tables végétales, moments de rencontre et de dégustation entre curieux, végétaR/Liens ou pas. Le couple fait découvrir 1001 saveurs végétales, toujours à base de produits locaux, bio et de saison. Au village, Xavier est d’ailleurs maraîcher à l’ancienne, avec son cheval BiLi. Loin d’être apolitique, la démarchedes Influences Végétales sème des graines dans l’inconscient de chacun. Oui, on peut se nourrir principalement ou exclusivement de végétal, c’est sain, délicieux et accessible !

« J’ai surtout parlé avec beaucoup de gens de leur mode de vie, ce qui me ramenait toujours à des questions liées à l’alimentation. »

 

Les prémices

A – Quel est votre parcours ? Comment en êtes-vous arrivés à promouvoir la cuisine végétale ?

S – C’est une synergie entre Xavier et moi. Au départ, je suis architecte d’intérieur et scénographe et j’ai travaillé là dedans pendant 15 ans. En étant enceinte de mon premier enfant, qui a maintenant 15 ans, j’ai commencé à lire sur la prévention santé. Des façons de maintenir la santé plutôt que de guérir des maladies, que j’ai appliquées dans la famille avec des résultats positifs. Ensuite, j’ai travaillé avec une société active dans les compléments Brunch Fernelalimentaires et j’ai encore appris plein de choses. J’ai surtout parlé avec beaucoup de gens de leur mode de vie, ce qui me ramenait toujours à des questions liées à l’alimentation.

Xavier était plus branché écologie, et quand on a vécu ensemble il y a maintenant 6 ans, on s’est dit qu’on allait proposer des tables d’hôtes pour répondre à la demande. On en a proposé mensuellement et ça n’a pas désempli. Cette orientation vers le végétal de qualité, en lien avec la prévention santé et l’écologie, c’est la base de développement de l’asbl.

X- Je n’étais pas végétarien du tout au départ, j’avais fait des tentatives. Mais avec Sylvie on y a tendu assez rapidement. Puis c’est en lisant un bouquin, « Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer, que je n’ai plus mangé de viande du jour au lendemain. Ça a pris de l’ampleur chez nous et a suscité l’intérêt de nos voisins, notre famille, nos amis, d’où les tables végétales.

L’ensemble du monde végétal peut nous nourrir

S – Je mange comme ça depuis très longtemps. C’est le niveau d’énergie qui est important et lié à l’alimentation végétale : on encombre moins le corps de substances difficiles à digérer. Ce n’est pas parce que le corps humain est capable de digérer la viande que c’est porteur d’énergie. (…) Il y a aussi la dimension de l’écologie, de la biosphère, du bien-être animal : ton bien-être ne dépend plus de tuer les êtres vivants.

A – Quels sont les grands principes de l’alimentation végétale selon vous ?

« Quand on a le régime qu’on a, on devient de plus en plus sobre, mais c’est très agréable. La sobriété heureuse. »

 

S – Il faut manger varié, vivant et bio. Du végétal de qualité, qui suit les saisons, qui n’est pas abîmé par les modes de cuisson comme le micro-ondes par exemple. C’est aussi l’ensemble du monde végétal qui amène ce dont on a besoin. Il n’y a pas que les légumes, il y a aussi les noix, graines, huiles, algues, fruits secs, herbes sauvages, … Nous ne disons pas que tout le monde doit manger comme ça, nous conseillons d’expérimenter et de voir les résultats.

X – Tester est le plus important. Quand j’ai arrêté la viande pour l’écologie, je ne me suis pas promis d’être végétarien, mais je me suis promis d’essayer. Puis j’ai perdu du poids, j’ai eu moins de problèmes de peau, j’ai aussi vu que l’énergie était là. J’étais plus en forme, parce que ça me convient. En tant que travailleur physique, je me sens bien plus en forme depuis que je mange cru, avec moins de matières grasses.

S – On mange le « Miam-Ô-Fruit » de France Guillain, un petit déjeuner cru basé sur les fruits, les graines et les oléagineux. Ça prend du temps pour mâcher et la satiété arrive très vite, donc on n’a plus besoin de manger autant. C’est aussi ça l’alimentation végétale : avoir conscience de ce que l’on mange. Du coup, on n’a plus besoin de se sentir lourd pour sentir qu’on a « bien mangé ».

X – Je pense que je suis à un moment de ma vie où je suis le plus actif, physiquement, intellectuellement et la nourriture ne me fait pas défaut. Quand on a le régime qu’on a, on devient de plus en plus sobre, mais c’est très agréable. La sobriété heureuse. En plus, Sylvie est très créative dans sa cuisine. On a découvert des choses avec du goût. L’alimentation végétale n’est pas chère et est savoureuse. Avant, je ne voyais pas comment cuisiner les légumes sauf à l’eau, mais ce n’est pas bon. Ici, c’est poêlé, cru, cuit, … On ne cuisine jamais les légumes à l’eau !

Végétaplus : la démarche intellectuelle

A – Pouvez-vous expliquer le concept des tables végétales ?

S- On se dit « végétaplus » et on parle de tables végétales. Le régime végétarien exclut les produits d’origine animale, mais n’est pas forcément garant de santé. Il y a des végétariens qui font n’importe quoi d’un point de vue alimentaire, on ne mange pas forcément beaucoup de fruits et de légumes parce qu’on est végétarien. Tout ce qui est industriel ne nous intéresse pas et on ne veut pas soutenir l’industrie, les produits transformés, les pratiques qui ne sont pas positives pour l’homme et l’environnement. Je pense aux margarines avec de l’huile hydrogénée, aux fausses viandes.

A – Comment vous positionnez-vous par rapport aux questions de société qui amènent les gens à devenir végétariens (élevage intensif, maladies de société, respect de l’environnement…) ?

S – Le point commun, c’est la prise de conscience. Chacun ira jusque là où il peut aller. Déclencher la prise de conscience du lien entre l’alimentation, le monde, le rapport aux animaux autrement que comme de la nourriture, ça les projette dans une autre vision du monde et ça nous intéresse.

X – J’ai eu une approche qui venait de l’environnement. Si je mange de la fausse viande, ou des protéines à partir de soja qui dévaste la forêt amazonienne, ça n’a pas de sens. Ma consommation engendre toujours une certaine pollution. Après, j’ai voulu produire mes propres légumes pour pousser la démarche jusqu’au bout [Ndlr : Les Jardins d’OO – www.ooexperience.be]. On a inventé un mot : biopositif. C’est être positif pour la biosphère, prendre soin de la planète notamment en mangeant des végétaux. C’est l’objectif de notre asbl.

Les tables végétales, un outil de déclic

« On ne dit pas le mot « végétarien » pour ne pas exclure. »

A – Comment expliquez-vous le succès des tables végétales qui ne désemplissent pas ? Qui sont les gens qui y viennent ?

X – [A propos du succès rencontré] C’est complet pour l’instant. C’est par le bouche-à-oreille et on voit aussi un mouvement d’orientation vers la biosphère. On est trop gros, on n’est pas bien, on est en burn-out. Il faut changer quelque chose…

[A propos des participant-e-s] Ce sont des gens qui sont en questionnement. Ils peuvent poser leurs questions, les autres participants ou nous-mêmes pouvons parfois donner des réponses, parfois pas. C’est convivial, c’est un échange et la partie d’une réponse concrète. Par exemple, un jeune qui veut convaincre ses parents de manger végétarien, les membres d’une famille qui veulent devenir maraîchers, des personnes plus âgées qui n’aiment plus tellement la viande et qui veulent voir comment on mange végétarien. Mais on ne dit pas le mot « végétarien » pour ne pas exclure.

S – L’objectif, c’est une expérience physique. Ce n’est que du végétal. Il n’y a pas d’œuf, juste un peu de beurre au lait cru pour le pain si on veut, quasi pas de gluten. On se concentre sur une partie de l’assiette qui est mal connue et préparée, qui manque de diversité et de goût. On mange 20 à 30 végétaux différents par soirée, sous tous les aspects (cru, cuit, chaud, froid,  …). Au final, [les participants ont vu que] c’était bon, on n’a plus faim, ce n’était pas compliqué à faire, on ne se sent pas lourd, il y a plein de goûts surprenants, c’était beau… Autour de la table, les gens posent les mêmes questions et ça leur permet de sortir de leur isolement, d’avancer concrètement.

On fait des plats assez simples pour que les gens puissent les refaire chez eux, avec des produits basiques. C’est une cuisine familiale. On sait aussi montrer qu’il y a du goût qui envahit la bouche. Par contre, on ne pense pas du tout qu’il faut remplacer la viande. On n’est pas dans une situation de famine ici. On peut très bien vivre avec quelques ingrédients, quelques fruits, du riz, … À l’époque où on a lancé l’industrie [de l’élevage intensif], les gens mourraient de faim. On a été créatif. Mais aujourd’hui,

 il faut le redevenir : la solution d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui.

A – Quels sont les retours d’expérience des tables végétales ?

S – On a plein de gens qui shiftent ! Comme j’ai énormément parlé aux gens pendant une dizaine d’années, j’ai vu la difficulté pour les gens de changer leur mode de vie. C’est pourquoi on a développé les tables végétales. Comme si ça leur donnait l’occasion de passer plus à l’acte.

X – Ils ne shiftent pas tous complètement. Parfois vers le bio, vers le moins de viande, le plus de viande du tout, mais on a aussi des gens qui sont devenus véganes. Les gens viennent voir [comment on cuisine] et le refont chez eux, à leur dimension. Un peu comme quand tu fais un bricolage sans jamais le réussir, quelqu’un te montre et tu repars chez toi en sachant le faire.

A – Vous donnez aussi des formations dans les écoles et les communes. Comment approchez-vous ces publics ?

S – On développe [les tables végétales] avec les cantines dans les écoles. Actuellement, on propose un menu « végétaplus » une fois par mois. C’est pour découvrir de nouveaux goûts. Pendant le mois, on peut faire des menus du monde, avec des recettes basées sur le végétal. Plutôt que de mettre l’accent sur le végétal, on met l’accent sur les cuisines du monde. C’est plus accessible et les gens, sur base de leur propre expérience, valident le fait que ça fonctionne.

X – Ce sont des gens qui viennent à nous. Des gens qui sont venus manger ici, qui en parlent au comité de parents, etc. On pense que le monde change, mais pas par les institutions. C’est le citoyen qui amène le changement. On sait que les politiques vont avoir des réclamations si on diminue la part de viande dans les cantines.

Le politique est dans l’assiette

A – Voyez-vous une évolution dans la société par rapport à l’alimentation végétale ? Vous avez un positionnement qui n’a pas l’air politique, mais qui l’est de manière détournée. Quels arguments décident les gens à passer le cap, selon vous ?

S – Le libre choix. Aujourd’hui, dans les médias, les gens sont informés mais ils ne passent pas nécessairement à l’action. Ce qui fait qu’ils passent à l’action, c’est notamment la citoyenneté, ce qu’on a envie de donner à nos enfants comme héritage alimentaire – pas des pizzas surgelées et du coca –  et revenir aux besoins physiologiques de base.

Quand on voit que les gens mettent 700€ pour un smartphone et se nourrissent de trucs dégueulasses parce qu’ils n’ont pas de sous, c’est une situation de crise. Les valeurs se sont déplacées à tel point que prendre soin de soi n’a pas de valeur. Mais quand les gens viennent sur la terre, cueillir leurs légumes comme on l’a fait pendant des milliers d’années, ils se reconnectent à des choses essentielles qui leur permettent de faire des choix différents. La personne qui commence à apprécier des légumes de qualité va peut être s’acheter un smartphone moins cher pour mettre plus de budget dans son alimentation, chose qu’elle n’aurait pas faite avant.

X – C’est le test. Les gens vont refaire un acte, aller sur le terrain, ramasser ce qu’ils vont manger. Mais surtout, c’est le goût. Il faut arrêter de penser qu’une alimentation sans viande est une alimentation sans goût. On propose d’ouvrir la porte vers une autre culture d’alimentation à travers le goût. On amène les gens dans quelque chose de positif : « Mange plus de légumes, c’est bon pour ta santé et l’environnement ».

S – Les gens ont perdu confiance aussi. Or, la partie végétale de son assiette – non transformée – est beaucoup plus contrôlable que le reste.

A – Quels sont selon vous les écueils qui font que les gens ne passent pas le cap ?

S – Nous avons besoin de patience, tous les changements de société ne se font pas en deux secondes. Ce sera pareil avec le végétal de qualité : quand une idée est prête, elle s’impose.

X – C’est aussi parce qu’il y a eu une militance. Ce sont les militants qui mettent le thème à l’ordre du jour de la société. Après, les institutions se mettent en route. Maintenant, notre alimentation industrielle est clairement remise en cause car c’est ça qui pose problème. Ça change parce qu’on a des militants, des journalistes qui écrivent des papiers, qui vont filmer les abattoirs. Les gens se disent : « Merde, on participe à ça ! ». Les politiques écoutent ce que les électeurs disent, mais ils sont bloqués par la grosse industrie. Le changement se fera quand la pression citoyenne sera suffisamment forte. Nous, on reste dans le concret car quand on sort du concret, on se fatigue beaucoup [pour peu de résultats]. Mais la rapidité du changement est encore trop faible.

S – On connait l’image du vase qui se remplit et qui à un moment bascule, et ça correspond à environ 7% de la population. Donc on ne doit pas convaincre tout le monde !

Pour en savoir plus sur l’asbl Influences Végétales, consultez www.influences-vegetales.eu.

Propos recueillis par Anicée Salvador.

Spécial Investigation Les enragés de la cause animale

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Plongée dans les coulisses de groupes extrémistes qui ont en commun la conviction profonde que l’animal est l’égal de l’homme : fast-foods incendiés en Belgique, visons d’élevage libérés par la force en Hollande, descentes brutales dans des magasins de fourrures en France, menaces de mort, kidnapping et lettres piégées en Angleterre, tous les moyens, même les plus controversés, semblent bons.

Le dernier refuge des animaux (ARTE )

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C’est en voyant le triste sort réservé aux chiens errants à Málaga en Espagne que l’acteur Michael Aufhauser décide de réagir. Pour mettre un terme à la misère des animaux domestiques ou d’élevage , il fonde en 2001 « Gut Aiderbichl », une « ferme refuge », un sanctuaire pour animaux. Aujourd’hui, il dirige un vaste réseau de 25 fermes refuges. Le nombre de demandes urgentes d’accueil ne cesse de croître, de la poule élevée pour atteindre un poids d’abattage optimal en un temps record au troupeau de bovidés au grand complet. Chaque jour, cet organisme à but non lucratif doit relever d’incroyables défis logistiques. 360° – GEO est allé voir sur place.

Carnets d’Inde: La cuisine végétarienne

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La cuisine Indienne recouvre une grande variété de cuisines régionales d’Inde. Elles sont influencées par les épices, herbes,fruits et légumes que l’on trouve dans chaque région du pays mais également par la religion et l’histoire. Ainsi, le végétarisme est très répandu dans la société indienne, souvent le résultat d’un précepte religieux hindou ou jaïn.

 

Voyage au bout de la viande (ARTE )

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Il aura fallu un périple de 7 000 kilomètres à travers l’Europe pour comprendre que la viande dans nos assiettes cache des secrets peu ragoûtants. Quand les supermarchés et les chaînes discount nous proposent des barquettes de viande, leurs noms bucoliques évoquent des fermes traditionnelles ou des boucheries artisanales. Le produit emballé provient en fait d’usines géantes qui achètent leur viande au meilleur prix sur le marché européen – voire mondial – et font des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaire